Préparation du 2ème cycle international d’évaluation du PASEC

Ecrit le 09 Juil 18 par Hilaire Hounkpodoté

 

En 2019, le PASEC (Programme d‘analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN) lancera l’opération de collecte finale des données du deuxième cycle international d’évaluation dénommée PASEC2019 qui verra la participation de quinze pays, dont, pour la première fois, le Gabon, la Guinée, Madagascar, le Mali et la République Démocratique du Congo. 

Les plus grands défis liés à l’atteinte de l’Objectif de Développement Durable n°4 (ODD 4) se concentrent en Afrique subsaharienne, où en dépit d’une amélioration des taux d’accès à l’éducation primaire, les taux de décrochage demeurent élevés au primaire, et la maîtrise des compétences fondamentales (compréhension écrite et orale, mathématiques) insuffisante. Selon les résultats du PASEC2014, 70% des élèves ne disposaient pas des compétences suffisantes en langue en début de scolarité et 50% en mathématiques. Ils étaient 60% en fin de scolarité à être en-deçà du seuil minimum de compétences dans les deux disciplines. 

Le PASEC : un outil au service de l’amélioration de la qualité de l’éducation en Afrique francophone 

Le PASEC, créé en 1991 par la Conférence des ministres de l’Education des Etats et gouvernements de la Francophonie (CONFEMEN), dispose d’une équipe de coordination internationale à Dakar au sein du Secrétariat Technique Permanent (STP) de la CONFEMEN. Il constitue un outil d’appui au pilotage des systèmes éducatifs des Etats et gouvernements membres de la CONFEMEN en vue de l’amélioration de la qualité de l’éducation. Il vise à informer de l’évolution des performances des systèmes éducatifs afin d’aider à l’élaboration et au suivi des politiques éducatives. De plus, son rôle consiste aussi à apporter un appui technique aux pays participants dans le déploiement et la pérennisation de leur système national d’évaluation des apprentissages, et d’assurer à la fois la dissémination des résultats à l’échelle du pays, et leur comparaison à l’échelle internationale. Les données quantitatives collectées à travers ces évaluations permettent un pilotage et un suivi dans le temps et dans l’espace de l’impact des réformes éducatives au service d’une plus grande équité d’accès à une éducation de qualité entre élèves, établissements et régions d’un même pays.  

La méthodologie du PASEC inclut une collecte de données auprès des élèves de début et fin de primaire en compréhension de l’écrit et en mathématiques dans la langue d’enseignement. En début de primaire, l’évaluation permet de pouvoir cibler les difficultés d’apprentissages qui peuvent engendrer entre autres le décrochage scolaire. Elle permet aussi de situer les politiques sur l’efficacité des réformes éducatives (ex. enseignement précoce en langue nationale comme langue medium vers le français, remédiation scolaire, disponibilité des ressources pédagogiques, formation initiale et continue des enseignants).  

Adopter une démarche participative des pays dans tout le processus de préparation  

Chaque cycle d’évaluation démarre avec une phase préparatoire. Dans un premier temps, il est procédé à la rénovation des instruments et procédures d’évaluation, et dans un second temps, à la mise à l’essai de ces derniers afin de procéder aux ajustements finaux éventuels. 
 
Dans le cadre du PASEC2019, la rénovation des instruments d’évaluation (tests et questionnaires contextuels) a démarré fin 2016. Elle s’est poursuivie en avril 2017 avec la conception de nouveaux items par les équipes nationales, pour aboutir en octobre suivant, lors d’un atelier international des équipes à Ouagadougou, à la sélection des items qui ont été mis à l’essai en avril et mai 2018 auprès d’un échantillon réduit d’écoles. Cet atelier représente l’opportunité pour les équipes nationales d’évaluer conjointement la qualité des items conçus selon les domaines de contenu, les processus cognitifs ciblés, et les critères de rédaction définis dans les cadres de référence du PASEC. Parmi les items sélectionnés, certains items dits d’ancrage sont issus du PASEC2014. Quant aux questionnaires contextuels, ils concernent les élèves, les enseignants et leur classe, les directeurs et l’école dont ils ont la responsabilité, et sont adaptés selon le contexte spécifique des pays (ex. diplômes académiques et professionnels des enseignants et directeurs). 

Enquête auprès des enseignants, une nouveauté dans l’évaluation PASEC 

Le PASEC2019 introduit une nouveauté, celle d’une enquête plus approfondie auprès des enseignants. Il s’agit de soumettre les enseignants à des épreuves incluant la compréhension de l’écrit, les mathématiques, la didactique de la compréhension de l’écrit et la didactique des mathématiques sans oublier la partie questionnaire qui permet de collecter des données sur l’environnement de la classe, les conditions d’enseignement, etc. 

Cette enquête a pour but de fournir des indicateurs pour contribuer à l’orientation des politiques nationales (renforcement des capacités des enseignants, conditions de travail, formation continue, etc.) dans l’objectif d’un accroissement du nombre d’enseignants de qualité d’ici 2030 comme stipulé à la Cible 4 (c) de l’ODD 4.

Compétences en langue d’enseignement autre que le français

Pour cette deuxième évaluation internationale, certains pays ayant adopté un modèle d’enseignement bilingue se sont positionnés pour évaluer aussi, en dehors du français, des langues nationales qui sont des langues d’enseignement dans certaines écoles du système éducatif. 

La mise à l’essai des instruments et procédures d’évaluation au sein des quinze pays participant a démarré en avril : l’échantillon national de testing est constitué de vingt établissements par langue d’enseignement évaluée. Ainsi, dans le cas du Cameroun, du Niger, du Mali et du Tchad, des échantillons séparés de vingt établissements ont été identifiés, l’un évalué en langue nationale, selon la langue d’enseignement retenue, et l’autre en français. Dans le cas du Burundi et de Madagascar, la langue nationale d’enseignement se situe en début de primaire. Les résultats de mise à l’essai permettront d’arrêter la liste définitive des items qui composeront les tests et les questionnaires. 

Ancrer une culture de l’évaluation dans les pays 

Selon les décisions prises par les instances de la CONFEMEN pour cette deuxième édition de l’évaluation PASEC , le coût standard de l’évaluation est pris en charge à hauteur de 50% par la CONFEMEN, le financement des 50% restant étant assurés par le pays qui peut le financer sur budget national et par le biais du concours d’autres partenaires. En ce sens, la CONFEMEN réalise un travail de plaidoyer auprès des Ministères de l’éducation et des finances pour systématiser la prise en charge de l’évaluation à travers la définition d’une ligne budgétaire spécifique, discutée et approuvée lors du vote de la loi des finances annuel au parlement.

Le budget consacré à l’évaluation PASEC pour un pays donné, varie selon la taille de l’échantillon et le niveau de désagrégation des résultats voulu par le pays. La stratification de l’échantillon est définie par les autorités éducatives nationales et l’équipe de coordination du PASEC. 

Le mandat du PASEC consiste également à renforcer les capacités nationales d’évaluation pour permettre aux pays d’ancrer une culture de l’évaluation et de disposer des capacités nécessaires pour assurer le bon déroulement des évaluations nationales et la mise à disposition d’indicateurs utiles à la formulation des plans sectoriels. 

Améliorer la planification et le suivi des politiques éducatives  

L’enjeu de ces évaluations repose toutefois à l’échelle des pays, sur la capacité d’exploitation et de communication des données à des fins stratégiques. Le PASEC à travers la CONFEMEN appuie ainsi les pays dans leur stratégie de communication. Il soutient en ce sens l’organisation d’ateliers de restitution des résultats au niveau national et auprès des structures décentralisées, afin de stimuler l’appropriation des résultats par les communautés éducatives locales, et l’orientation des politiques selon les problématiques spécifiques à l’environnement scolaire et socioéconomique local. 

Enfin, l’équipe de coordination du PASEC travaille avec des partenaires responsables d’autres programmes d’évaluation internationale. Ainsi, en collaboration avec le Global Alliance to Monitor Learning, et dans le cadre notamment du suivi des progrès en faveur de l’atteinte de l’ODD4 à horizon 2030, des discussions sont menées pour assurer la production d’indicateurs de mesure des apprentissages comparables, en termes d’instruments et de méthodologie, à l’échelle internationale. 

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