Les langues nationales dans le système éducatif formel au Sénégal: état des lieux et perspectives

Autor(es): Faye, Pépin

Date: 2013

Pages: p. 114-135

Serie: Glottopol

Series Volume: 22 (2013)

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L’idée d’introduire les langues locales ou autochtones dans le système éducatif des pays de l’Afrique au sud du Sahara ne date pas d’aujourd’hui. Le débat qui en a résulté, très animé dans ces pays au lendemain des indépendances survenues au cours des années soixante, a opposé hommes politiques, linguistes et intellectuels. La différence de points de vue a engendré, selon les États, des réactions différentes : alors que des pays comme la Guinée de Sékou Touré et Madagascar de Philibert Tsiranana puis de Gabriel Ramanantsoa, animés par une sorte de nationalisme très fort, ont vite introduit de manière systématique les langues autochtones dans leur système éducatif, d’autres, à l’image du Sénégal, ont opté pour ce que le premier Président de ce pays, Léopold Sédar Senghor, appelait « la prudence ». Celle-ci consistait à introduire de manière progressive les langues locales à l’école, après avoir encouragé et fait avancer la recherche dans le domaine de la linguistique. Il fallait, soutenait-il, la production d’une vingtaine de thèses en linguistique dans chaque langue, avant d’entreprendre de les introduire dans le système éducatif formel. « Le wolof, avait-il dit à Dumont, ne serait enseigné dans les écoles sénégalaises que lorsqu’il aurait fait l’objet d’une vingtaine de thèses d’État. Idem pour les autres langues nationales » (Dumont, 1992 : 121). La création, en 1963, du Centre de Linguistique Appliquée de Dakar (CLAD) a participé à matérialiser cette volonté de faire de l’impulsion de la recherche en linguistique appliquée sur les langues africaines un préalable pour leur introduction dans le système éducatif formel et un tremplin pour leur promotion.

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