Author(s): Thibert, Rémi
Organisation(s): Institut français de l’éducation
Publisher(s): École normale supérieure de Lyon
Date: 2013
Pages: 28 p.
Serie: Dossier d’actualité Veille et analyses
Series Volume: 084
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La loi de 1989 stipulait déjà qu’aucun enfant ne devait sortir du système scolaire sans diplôme et la question du décrochage est devenue un thème récurrent dans les années 1990. La première journée du refus de l’échec scolaire organisée par l’AFEV (Association de la fondation étudiante pour la ville) en 2008 a permis de prendre la mesure du phénomène du décrochage scolaire et d’en faire un sujet prioritaire. Le gouvernement actuel s’est d’ailleurs fixé comme objectif de réduire de moitié le taux de décrochage en cinq ans. Pour autant, le phénomène n’est pas nouveau dans la société française et a pu même concerner, un nombre d’élèves bien plus important qu’aujourd’hui. Dans les années 1970, environ 200 000 jeunes quittaient ainsi le système scolaire sans diplôme. Ce qui a probablement changé la perception du décrochage c’est la conjonction de l’augmentation du chômage des jeunes et l’importance prise par le diplôme comme condition d’accès au marché du travail. Dès lors, sortir du système scolaire sans rien est devenu un problème éducatif mais aussi politique, social et économique. « Nous paierons tous collectivement cet échec, d’une manière ou d’une autre » prophétise même un dossier récent de la Ligue de l’enseignement (Loannides & Robert, 2012l). On constate pourtant une mobilisation timide des organisations de parents ou d’enseignants au delà de pétitions de principe. Une des raisons de cette relative inertie pourrait être que les parents investis ne sont en général pas ceux qui sont les plus exposés aux problèmes de décrochage (Balas 2012). Cette distorsion fait écho à celle mentionnée par Cahuc et al., (2011) pour qui il existe une jeunesse favorisée qui arrive à surmonter ses difficultés (scolaires, d’accès à l’emploi) alors qu’il existe une jeunesse défavorisée qui est abandonnée. On se préoccupe davantage des enfants de classe moyenne et des étudiants, qui arrivent à s’organiser collectivement et à se faire entendre, que des jeunes en déshérence. Le phénomène est d’autant plus préoccupant qu’il a des répercussions sur toute la vie des individus. À l’heure où la mobilité et l’autonomie sont érigées en idéaux, où l’on appelle à la responsabilité de chacun quant à son destin, donne-t-on réellement aux jeunes les moyens d’acquérir cette autonomie (Loannides & Robert, 2012) ? Après avoir abordé les travaux consacrés à la prévention précoce du décrochage dans un récent dossier (Feyfant, 2012), les auteurs s’intéressent ici aux situations de cristallisation du décrochage, en général aux moments de rupture dans l’enseignement secondaire.
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